Créé il y a près de quarante ans, le conseil conjugal et familial est défini comme ayant pour objet “d’aider les personnes dans l’évolution de leur vie affective, sexuelle et sociale, plus spécialement dans leur relation de couple”.
Consulter l'annuaire des conseillers conjugaux en France sur l'ANCCEF (Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux)
A la différence d'autres techniques de type psychanalytique, les entretiens peuvent se faire soit individuellement, soit en couple. Un ou plusieurs entretiens sont proposés avec toutes les garanties de confidentialité et de professionnalisme.
En effet, le conseiller conjugal et familial propose un cadre sécurisant : bienveillance, non jugement et secret professionnel. Il met en place un soutien qui aide la personne qui consulte à exprimer ce qu'elle ressent et qui lui permet de mieux comprendre ce qui lui arrive afin de pouvoir agir en conséquence.
Contrairement à sa dénomination, le conseiller conjugal ne donne pas de conseils mais "tient conseil". Il met en place une écoute spécifique, des reformulations, des questionnements, des interventions pertinentes, il a un rôle d’interprète en quelque sorte et peut ainsi soutenir le couple (ou le conjoint venu seul), l’aider à gérer une crise et à dédramatiser.
Soulignons la fonction préventive de cette écoute spécifique au moment de la crise, pour éviter des dégradations ultérieures graves, ou, pour orienter les personnes vers des prises en charge spécialisées.
La personne qui consulte décide de venir mettre des mots sur ce qui lui fait mal. Au sein du couple, le conseiller conjugal aide à rétablir une communication perturbée et à retrouver ainsi un nouvel équilibre plus satisfaisant.
Il peut également aider à “mûrir” une séparation, à mieux la gérer et donc à la rendre moins traumatisante dans ce contexte de soutien pour chacun des deux partenaires et pour les enfants. Il peut aussi orienter vers une médiation familiale.
« En fait, dans tout entretien de conseil conjugal, l’objectif de notre travail est de permettre à chaque personne ou à chaque couple d’acquérir le maximum d’autonomie pour trouver la solution à ses conflits personnels ou inter-personnels. »
Le professionnel propose un accompagnement pour aider celui qui consulte à trouver ses propres solutions et à développer sa créativité.
Eclairage théorique
Tenir conseil
Le conseil est une dimension importante de l'activité de nombreuses professions, non seulement dans le secteur social, dans le domaine de la santé, dans l'orientation, dans l'enseignement et l'éducation, mais partout où les personnes font l'expérience d'une "situation problème", d'une "difficulté de l'existence", lorsque la décision à prendre leur paraît rendre nécessaire une délibération dans un dialogue avec quelqu'un de disponible.
Alexandre Lhotellier dans Tenir conseil, délibérer pour agir (2001) : « Le conseil reste à construire dans ses fondements, dans ses méthodes et dans ses pratiques. » C'est à cette construction que contribue Alexandre Lhotellier en se référant à une longue pratique. Selon lui, il faut abandonner la notion de "donner des conseils" pour promouvoir celle de "tenir conseil" en tant que délibération pour agir. Le conseil sera ici défini par les conditions de "l'acte de tenir conseil", c'est-à-dire : la création d'une communication dialogue où prévaut la pensée de l'autre ; la recherche méthodique et plurielle du sens d'une situation problème ; et la construction d'une démarche active et créatrice.
Déjà Carl Rogers écrivait, il y a près de 60 ans, dans son premier livre : « Bien que le conseil psychologique soit très pratiqué, bien que de nombreuses professions le considèrent comme leur fonction essentielle, c'est pourtant un processus qui a été peu et mal étudié. Les processus du counseling ont été beaucoup moins bien décrits que les méthodes de thérapie par le jeu, bien que ces dernières ne soient applicables qu'à un groupe relativement étroit de clients. »
Alexandre Lhotellier développe le travail méthodique du tenir conseil dans ses trois dimensions majeures : le travail du sens, le travail du projet et le travail de l'agir. « Si l'on veut que le travail des sciences humaines ne soit pas un décor éphémère obligatoire, sans réelle diminution de l'inhumain de chacun d'entre nous, il y a bien nécessité de tenir conseil. Si l'on veut que le savoir ne se résume pas à une consommation futile, mais au contraire se développe dans un vrai travail de soi, il y a bien nécessité de tenir conseil. Si l'on veut que le savoir ne soit pas réservé à quelques privilégiés de la culture ou de la finance, il y a bien nécessité de tenir conseil. Tenir conseil est devenu un acte nécessaire, ordinaire. »
L'entité couple
Le couple de type conjugal selon Lemaire, Le couple, sa vie, sa mort (2005), est un couple qui s’inscrit dans la durée. Après la période d’idéalisation, l’inscription d’un couple dans le temps aurait comme but implicite de lutter contre la pulsion de mort : « le couple conjugal est structuré de telle manière que les projections mutuelles contribuent alors à décharger sur les tiers ou le partenaire les parties les plus insupportables de la pulsion de mort, pour permettre à chacun de conserver son bon objet interne ». Etre en couple assure donc une fonction protectrice et défensive en permettant par le jeu des projections, de mettre à l’écart les parties les moins bien assumées de notre personnalité.
Dans la dynamique de tout couple intervient une dimension qui échappe au contrôle des deux partenaires. Un couple est une troisième personne qui va mettre en place des règles explicites et implicites. Philippe Caillé dans Un et un font trois, le couple d'aujourd'hui et sa thérapie (2004) présente le récit inédit que deux individus doivent créer dès les premiers instants de la rencontre pour "faire couple", récit auquel ils doivent ensuite continuer d'adhérer pour vivre leur couple comme une réalité.
« La connaissance de cette dimension est essentielle pour le thérapeute de couple comme pour toute personne intéressée par le phénomène même du couple ! Ignorer ce tiers, ce modèle fondateur qui constitue en fait pour chaque couple un absolu relationnel conduira l'intervenant à banaliser les couples et à tenter de les "réparer" selon un modèle trivial et anonyme. »
Philippe Caillé va montrer qu'il est possible « en s'appuyant sur des approches privilégiant le non verbal, de travailler avec les partenaires de façon structurée. Ils pourront ainsi retrouver le récit commun et lui restituer sa créativité, ou lorsque cela s'avère impossible, bien quitter ce récit sans totalement en déformer la nature. »